Se lancer en freelance, c’est souvent synonyme de liberté, d’autonomie et de passion. Mais c’est aussi un parcours semé d’embûches, surtout lorsque l’on débute sans repères ni accompagnement. Beaucoup de freelances commettent, souvent sans le savoir, des erreurs qui freinent leur progression, leur rentabilité… voire les poussent à abandonner dès la première année.
Cet article a pour objectif de t’éclairer sur les 4 erreurs les plus fréquentes que commettent les freelances débutants, afin que tu puisses les éviter et poser des bases solides pour développer ton activité sereinement.
Prêt à prendre une longueur d’avance ? C’est parti.
1. Accepter toutes les propositions : le piège de la fausse sécurité
Pourquoi c’est une erreur fréquente
Quand on débute en freelance, chaque opportunité semble précieuse. Le simple fait de recevoir un message d’un prospect peut provoquer un sentiment d’excitation, voire de soulagement. Et c’est bien normal : après des semaines à créer son profil, peaufiner son portfolio et douter de soi, le premier client qui frappe à la porte, c’est un peu comme une validation.
Je me souviens très bien de ce moment. J’étais tellement heureux de recevoir ma première proposition que je n’ai pas hésité une seconde. J’ai dit oui, même si le projet n’était pas totalement aligné avec mes compétences. J’étais tellement content qu’un client me fasse confiance, que je n’ai pas osé remettre en question la pertinence du projet pour moi.
Ce réflexe est typique du syndrome du manque de légitimité. On se dit qu’en tant que freelance débutant, on n’a pas encore « le droit » d’être exigeant. Alors on accepte tout, par peur de ne pas avoir d’autres opportunités… ou par crainte de voir le client partir ailleurs. C’est une forme de sécurité mentale, mais une fausse sécurité.
Les conséquences sur le long terme
Le problème, c’est que dire “oui” à tout, c’est souvent dire “oui” à n’importe quoi.
Le projet que j’ai accepté à mes débuts en est un parfait exemple. Très vite, je me suis rendu compte que je ne maîtrisais pas tous les aspects techniques demandés. Mais il était hors de question pour moi d’échouer ou de décevoir ce premier client. Alors j’ai passé des nuits entières à chercher des solutions, à poster sur des forums de développeurs, à expérimenter dans tous les sens… Résultat : des délais non respectés, un stress énorme, et un client pas vraiment satisfait, malgré un livrable correct au final.
Ce genre de mission peut vite devenir un frein majeur à ta progression :
• Tu perds du temps sur des projets mal adaptés.
• Tu acceptes des tarifs bien trop bas.
• Tu t’épuises mentalement et physiquement.
• Tu risques de tomber sur des clients toxiques qui profitent de ton manque d’expérience.
Et surtout, tu bloques de la place dans ton agenda pour des missions qui ne t’apportent ni plaisir, ni progression, ni rentabilité.
Que faire à la place ?
La solution ne consiste pas à devenir hyper sélectif dès le départ, mais à apprendre à dire non intelligemment. Cela ne veut pas dire refuser tous les petits projets ou les missions simples. Cela signifie définir des critères clairs pour accepter un projet, même en tant que freelance débutant.
Voici quelques questions simples à te poser avant de dire oui :
• Est-ce que ce projet correspond à mes compétences actuelles ?
• Est-ce que je me sens capable de le livrer dans les temps ?
• Est-ce que le budget proposé est cohérent avec la charge de travail ?
• Est-ce que ce client semble respectueux et professionnel ?
• Est-ce que ce projet m’aide à progresser dans ma spécialisation ?
En posant ces filtres, tu gagnes en confiance, tu protèges ton temps, et tu poses les bases d’un positionnement plus fort. Apprendre à dire non, c’est dire oui à de meilleures opportunités.
2. Mal s’organiser : l’ennemi invisible du freelance
Les erreurs classiques d’organisation
Quand on devient freelance, on passe d’un cadre structuré (salariat, études…) à une liberté totale. Et si cette liberté est grisante au début, elle peut vite devenir un piège si l’on ne met pas en place une organisation solide.
Je parle en connaissance de cause. À mes débuts, je n’étais pas du tout organisé. J’avais tout juste une to-do list griffonnée quelque part, sans réelle hiérarchisation, ni plan de travail. Pas de routine, pas de priorités définies, aucune séparation claire entre le pro et le perso. Je me disais que j’allais m’adapter au fil de l’eau. Grosse erreur.
Ce flou organisationnel est l’un des pièges les plus sournois pour les freelances débutants. On pense qu’en ayant peu de clients, on a « le temps ». Mais c’est justement dans ces moments-là qu’il faut construire sa structure, poser les fondations de son efficacité.
Les impacts directs
Sur le moment, ce manque d’organisation ne m’a pas semblé dramatique. Je n’avais pas encore beaucoup de clients, pas trop de pression… J’avais du temps. Mais je ne mesurais pas l’impact que cela aurait sur la suite.
Aujourd’hui encore, je ressens les conséquences de ce flou initial. J’ai beaucoup plus de clients, bien moins de temps libre, et mon absence de structure m’a coûté cher :
- Des tâches oubliées parce que je ne les avais notées nulle part.
- Des heures perdues à refaire la même chose pour chaque client, faute de process.
- Des retards ou des livrables incomplets, simplement parce que je n’avais pas le bon système pour suivre l’avancement.
J’ai appris à mes dépens que l’organisation n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Et plus tu attends pour t’organiser, plus tu accumules des frictions qui te freinent quand ton activité commence à décoller.
Les bons réflexes à adopter
Aujourd’hui, même si mon système est encore perfectible, j’ai mis en place des outils et des process qui ont radicalement changé ma façon de travailler.
J’utilise Notion pour gérer l’ensemble de mon activité : suivi de projets, deadlines, priorités, documents partagés avec les clients… Tout est centralisé. Cela me permet de savoir en un coup d’œil :
- Quels sont les projets en cours ?
- Quelles sont les prochaines échéances ?
- Quelles tâches sont prioritaires cette semaine ?
J’ai également commencé à mettre en place des automatisations pour me libérer du temps sur certaines tâches répétitives : envoi de devis, relance client, génération de factures…
Ce ne sont pas forcément des systèmes complexes, mais ils font toute la différence. Chaque minute que tu ne passes pas à chercher une information ou à réinventer la roue est une minute gagnée pour faire avancer ton business.
Alors si tu es freelance débutant, ne sous-estime pas l’importance de t’organiser dès maintenant. Commence petit, mais commence tout de suite. Car c’est en construisant des bases solides que tu pourras évoluer sereinement, même quand la charge de travail augmentera.
3. Mal évaluer ses tarifs : travailler trop pour gagner peu
L’erreur de calcul fréquente
L’une des erreurs les plus répandues chez les freelances débutants est de fixer leurs tarifs au hasard, souvent bien en dessous de leur réelle valeur. Et j’en ai fait l’expérience.
Quand j’ai débuté, mes prix étaient très bas… trop bas. Je pensais que c’était la meilleure stratégie pour décrocher mes premiers clients. Je me disais : “Moins je coûte, plus j’aurai de chances d’être choisi”. Et comme je touchais encore le chômage, je ne m’inquiétais pas trop. Je voyais ces premiers projets comme un tremplin, pas comme une vraie source de revenus.
Mais la réalité, c’est que des tarifs trop bas attirent rarement les bons clients. Ils donnent une image de service low-cost, et paradoxalement, ils ne facilitent pas forcément la vente. Aujourd’hui, je facture beaucoup plus cher… et je trouve des clients bien plus facilement. Pourquoi ? Parce que mes tarifs reflètent mieux la qualité, la valeur ajoutée et la confiance que je dégage.
Ce que ça engendre
Sous-estimer ses tarifs, c’est s’exposer à un effet boule de neige qui peut rapidement devenir ingérable.
Je me suis retrouvé engagé dans un contrat long terme mal tarifé. Le client représentait entre un tiers et la moitié de mon chiffre d’affaires. Le problème, c’est que ce projet me prenait beaucoup de temps… pour un tarif qui ne couvrait ni mes charges, ni mes ambitions.
Résultat :
- Incapable d’épargner ou d’investir dans mon activité.
- Aucune marge de manœuvre financière.
- Une sensation d’être coincé, d’enchaîner les heures pour un revenu insuffisant.
Et le pire est arrivé : ce client a mis fin à notre collaboration. Du jour au lendemain, mon chiffre d’affaires s’est effondré, sans que j’aie eu le temps de me préparer. Trouver de nouveaux contrats a pris du temps, et cette période a été difficile à vivre sur le plan financier comme moral.
C’est exactement le genre de situation qui mène au burnout, à la démotivation, et à l’impression de stagner malgré tous les efforts.
Comment fixer un tarif juste
Fixer un bon tarif ne se résume pas à aligner un chiffre sur ceux des concurrents. Il faut intégrer plusieurs paramètres clés :
- Tes charges fixes (URSSAF, logiciels, assurances…)
- Ton temps non facturable (prospection, administratif, formation…)
- Tes objectifs de revenus mensuels
- Ton niveau d’expertise et la valeur que tu apportes à tes clients
Beaucoup de freelances oublient un point crucial : ton tarif horaire ne correspond pas à ton taux de travail réel. Même si tu travailles 35 heures par semaine, tu ne factureras pas 35 heures. Une partie de ton temps est dédiée à des tâches essentielles mais non rémunérées directement.
L’astuce, c’est de raisonner en tarif de survie vs. tarif de confort. Le premier couvre tes besoins de base. Le second te permet de croître, d’investir, d’avoir de la marge.
Ne sous-estime jamais ta valeur. Mieux vaut avoir moins de clients, mais mieux rémunérés, que de courir après des petits contrats qui t’épuisent pour peu de résultats. Et surtout, fixe des tarifs en phase avec ta réalité d’indépendant, pas avec celle d’un salarié.
4. Se lancer sans accompagnement ni formation
Le mythe du freelance autodidacte
On entend souvent que pour réussir en freelance, il “suffit” de se lancer et d’apprendre sur le tas. Ce mythe de l’autodidacte, capable de tout faire seul, est très séduisant… mais aussi très trompeur.
Je ne parle pas ici de se former à son cœur de métier. Bien sûr, il est indispensable de maîtriser les compétences techniques liées à sa prestation (comme j’ai pu le faire avec la création de sites web, par exemple). Ça, c’est la base. Mais ce dont on parle ici, c’est de tout ce qui entoure la prestation : comment vendre ses services, comment gérer ses finances, comment structurer son activité, se faire connaître, négocier, fidéliser…
Et là, beaucoup de freelances pensent qu’ils peuvent “improviser”, lire quelques articles par-ci par-là, ou regarder des vidéos à la volée. Résultat : des mois, voire des années, de perte de temps.
Parce qu’en réalité, vouloir tout apprendre seul, c’est souvent réinventer la roue… et se prendre tous les murs que d’autres ont déjà pris avant toi.
Les conséquences sur la croissance
Ce manque de formation et d’accompagnement se ressent rapidement dans la progression du freelance :
- Éparpillement : tu testes plein de choses sans vraie stratégie.
- Erreurs évitables : mauvais tarifs, mauvais clients, mauvaise gestion.
- Lenteur : tu avances à tâtons, sans cap clair.
Et pendant que tu apprends seul à vendre, d’autres — mieux formés — signent des contrats. Pendant que tu cherches comment t’organiser, d’autres délèguent ou automatisent. Ce n’est pas une question d’intelligence ou de talent, mais d’efficacité dans l’apprentissage.
Les solutions pour gagner du temps
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe aujourd’hui une multitude de ressources pour ne pas avancer seul dans le brouillard :
- Des formations ciblées sur la vente, le marketing, la gestion d’entreprise.
- Du coaching individuel pour avancer plus vite avec un regard extérieur.
- Des communautés de freelances pour poser tes questions, t’inspirer, ne pas te sentir isolé.
- Des livres, podcasts, vidéos YouTube de qualité, à consommer de manière structurée.
Ce qui compte, ce n’est pas de consommer un maximum d’infos, mais de suivre un parcours réfléchi, adapté à ton niveau et à tes objectifs. Et surtout, d’accepter que demander de l’aide, ce n’est pas un aveu de faiblesse. C’est un levier de croissance.
Tu veux aller plus vite, éviter les erreurs, progresser sereinement ? Entoure-toi, forme-toi, pose des questions.
Le freelance qui réussit n’est pas celui qui sait tout, c’est celui qui sait s’entourer intelligemment.
Conclusion
Se lancer en freelance est une aventure excitante, mais aussi pleine de pièges quand on avance sans repères. En tant que freelance débutant, éviter ces cinq erreurs courantes peut faire toute la différence entre une activité qui stagne… et une activité qui décolle.
- Accepter toutes les missions, c’est risquer de s’épuiser sur des projets mal alignés.
- Travailler sans organisation, c’est avancer à l’aveugle.
- Fixer des tarifs trop bas, c’est s’empêcher de vivre de son activité.
- Croire qu’un simple profil en ligne suffit, c’est négliger tout le travail commercial.
- Se lancer sans accompagnement, c’est perdre un temps précieux.
L’objectif de cet article n’est pas de faire peur, mais de faire gagner du temps. Si tu prends conscience de ces erreurs dès le départ, tu éviteras bien des frustrations… et tu pourras construire une activité pérenne, rentable et plus sereine.
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